#ChallengeAZ C comme... Carnet de guerre

Mardi 3 Juin 2014

 
Jules Michelet a dit : « Ces papiers, ces parchemins laissés là depuis longtemps ne demandaient pas mieux que de revenir au jour. Ces papiers n'étaient pas des papiers, mais des vies d'hommes... »

Je trouve que cette phrase résume très bien le carnet de guerre de mon arrière-grand-père Eugène, Emile HERVIEUX.
Ces phrases que je parcours souvent, cette écriture que je trouve belle et appliquée, ce n’est pas juste des mots sur un cahier d’écolier, c’est quatre années de sa vie.
 
Mon arrière-grand-père est né le 15 septembre 1879 au Val-David. Fils d’Edmond, Ferdinand HERVIEUX et de Marie, Eugénie MONNIER.
Sur son matricule militaire, il est décrit comme faisant 1m64, soit 3 centimètres de plus que moi, il était plutôt petit par rapport aux hommes d’aujourd’hui, mais plutôt dans la norme par rapport à son époque. Il est brun aux yeux gris clair. Un peu comme les yeux de mon père.
Le 3 septembre 1902 il se marie avec Louise MOULIN.
Douze ans plus tard mon AGP partira pour la guerre.
 
Ce que je sais de lui aujourd’hui me vient de ce que mon père m’a raconté mais j’en ai appris encore plus en lisant son carnet. Ces peurs, sa vision de la guerre, sa joie au moment de l’armistice… Toutes ces choses qu’on ne livre généralement pas à sa famille.
 
Je pense à ce jour, au début de la guerre, lorsqu’une femme est blessée au visage par un éclat d’obus : « … elle a du sang partout sur son corsage, c’est absurde ! ».
 
Comme ce jour où, sous les balles allemandes, il s’était couché au sol. Puis se relevant, il se dit : « Rien encore pour cette fois !! ».



Et encore ces obus qui tombe si près de lui et auquel il échappe chaque fois.



Il y aussi ce passage ou, dans une tranchée, il discute avec un camarade qui se trouve face à lui. Un obus éclate juste sur le bord de la tranchée, un éclat frappe son camarade à la tête et le tue sur le coup.
Mon AGP avait très certainement un ange gardien qui l’a protégé pendant ces quatre années…
 
C’est dans ce carnet également, que je trouve la trace du décès de son père, et c’est dans ces pages qu’il explique à quel point ça l’a affecté.
 
Mon AGP m’a fait voyager également, puisqu’il a combattu à Salonique. Je m’imagine la vue qu’il avait lorsqu’à son retour, il aperçoit la tour de Pise depuis son train.
 
Et puis la joie de l’armistice : « C’est la joie, c’est presque du délire… ». Et je partage également la joie de ce jour.
 
Après la guerre, mon AGP reprend, ou plutôt, tente de reprendre une vie  « normale », si toutefois, on peut avoir une vie normale après avoir vécu autant d’atrocités.
 
Mon grand-père, Roger, va naitre un peu plus d’an après la fin de la guerre, le 27 décembre 1919. Il aura fallu plus de 17 ans, une horrible guerre pour que mes arrières grand parents connaissent la joie d’avoir un enfant, ils sont alors âgées tous les deux de 40 ans.
 
Par la suite, mon AGP aura un rôle important au sein de sa commune, il serait adjoint au maire de 1925 à 1927, puis maire de 1927 à 1933, et une nouvelle fois adjoint entre 1938 et 1945.
Et oui ! Encore une guerre… Qui le privera de son fils de 1940 à 1945.


 
Et puis, le 6 juillet 1966, mon AGP décédera des suites d’un cancer. Il avait 86 ans. Son ange gardien a bien rempli sa mission…


 

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