#ChallengeAZ H comme... Henri HOYAU et I comme... Inconnue à l'adresse indiquée

Lundi 9 Juin 2014
1 commentaire

Aujourd’hui, le mois de juin mis oblige, je vous fais un 2 en 1. Et ça tombe plutôt bien car le H va parfaitement avec le I me concernant.
 
L’histoire d’Henri, Achille HOYAU a été ma première « larme » généalogique. Ce fut une découverte qui m’a laissée une étrange sensation. Comme quelque chose d’inachevée, et pour cause…
 
Nous sommes le 26 septembre 1822 à Paris, Marie, Charlotte, Françoise HOYAU est chez elle, au numéro 15 de la Rue Monceau-Saint-Gervais, elle va bientôt donner la vie à son premier enfant. Mais pas ici, pas chez elle, elle doit se rendre à la maternité de Port-Royal, c’est là-bas que naitra son enfant. Une fille ? Un garçon ?
C’est dur pour Marie, elle est seule, probablement abandonnée de tous. Le père de son enfant n’est pas là, il l’a aussi abandonné. Comment la vie est-elle arrivée en elle ? Est-ce l’amour ? Un amour impossible ? Ou pire ?
Elle a 28 ans et la vie a été si dure déjà. Elle est émailleuse, probablement à la manufacture de porcelaine du faubourg Saint-Denis.
Tout va vite, trop vite, Marie n’a pas le temps d’arriver à la maternité. Son enfant naitra place Saint-Michel. Un garçon, elle l’appellera Henri, Achille. Le prénom du père ? Du grand-père ?
Ensuite, on l’a transportera jusque là-bas, elle y recevra les soins nécessaires et son petit aussi. Elle y restera jusqu’au 6 octobre.
 
Le 1er mars 1824, Marie enfile une chemise à son fils, elle lui passe une robe et un tablier noir. Des larmes coulent sur ces joues. A ses pieds, elle lui enfile des bas de coton blancs et de jolis souliers noirs, elle sait qu’elle n’a pas d’autres choix, il le faut, pour son petit, pour lui donner la chance de ne pas vivre dans la misère. Elle dépose sur sa tête un bonnet rayé de blanc et de rouge, puis elle lui prend la main et part vers l’hospice des enfants de la Patrie.
A l’orphelinat, il reçoit un « nom », Plessis, il le gardera toute sa vie.
 
C’est l’amour qui a poussé Marie à abandonner son enfant. Lui éviter la misère, vouloir ce qu’il y a de mieux pour lui, mais c’est dur et douloureux, alors lorsque, enfin elle a assez de ressources pour eux deux, elle n’hésite pas un seul instant. Elle retourne à l’orphelinat, elle est prête à tout pour récupérer son enfant.
Seulement tout n’est pas si simple, l’hospice a dépensé une somme énorme pour cet enfant, il faut rembourser tout avant de pouvoir repartir avec lui. Marie doit verser 100 francs, c’est énorme 100 francs pour elle, elle ne pourra jamais.
Il n’y a qu’une seule solution, s’adresser au Roi, lui expliquer, implorer si il le faut. Mais marie ne sait ni lire, ni écrire alors comment faire ? Mais elle est déterminée, elle remue ciel et terre et elle trouve la personne qui rédigera la lettre à sa place.



"Forcée par le malheur de mettre le 1er
 de mars de cette année mon enfant à l'hospice des enfants
trouvés. Le ciel connaissant mes chagrins semble m'avoir
été favorable en augmentant mes ressources , et j'implore vos bontés
pour que  mon enfant me soit rendu.
L'ordre de
cette maison est de donner 100 f. pour ravoir ses enfants et
il me serait impossible d'en faire le sacrifice pour espérer
Sire, que pénétré de la douleur d'une mère étant privé de
son enfant vous daignerez ordonner qu'il me soit rendu
je soignerai son enfance et l'élèverai dans les principes
religieux je lui apprendrai à connaître ce qu'il doit à son
roi et à ses princes et  ma reconnaissance et la sienne ne s'effaceront jamais de leurs cœurs"


On dit que par amour on peut déplacer des montagnes et c’est vrai, car aujourd’hui le roi accepte la demande de Marie, elle peut venir rechercher son enfant. Emporter son petit garçon sans rien donner à personne.
Le 2 décembre 1824, on ramène le petit Henri de la campagne. Il va revoir sa mère.
On écrit à Marie le 4 pour lui annoncer, mais aucune réponse. Que se passe-t-il ?
Le 16, on écrit de nouveau. Toujours rien.
Alors on cherche à comprendre, on se rend à la seule adresse que l’on possède, rue de faubourg Saint-Denis, numéro 191, mais là-bas, on ne connait aucune Marie HOYAU…
 
Retour à la case départ, le 1er février 1825, le petit Henri reprend le chemin de la campagne, il est de nouveau placé dans une famille ou il restera, probablement jusqu’à ces douze ans.
 
Que s’est-il passé durant ces deux mois? Marie dis-moi ? Tu as peut être perdue ton travail? Tu es peut être décédée ? Une maladie ? Comment savoir ? Ou alors, tu as déménagée et la lettre ne t’es jamais parvenue.
 
C’était il y a 190 ans, et je suis pourtant si touchée par cette histoire.
Mais je connais la fin de l’histoire, je sais ce qu’il s’est passé après.
Henri a été placé vers 1836 comme apprenti briquetier chez un certain Jean-Baptiste BUIGNET, à Hornoy le Bourg.
Il y restera toute sa vie. Il épousera Marie, Catherine, Florine LECONTE, le 8 mai 1849. Ensemble ils auront 5 enfants, dont une fille, leur ainée, Florence, Eugénie, mon Sosa n° 63.
 
Aujourd’hui, j’ai rentrée Marie HOYAU dans mon arbre généalogique. C’était comme si je lui rendais son fils, comme si ils se retrouvaient enfin.
Parce que comme le dit Christian Signol dans son roman « ce qui n’a pu s’accomplir dans cette vie ne pourrait-il se réaliser dans celle d’après ? »


 

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Commentaires :

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  • Heïdi dit :
    12/6/2014 à 22h 26min

    Oh nooon, j'aurai tellement aimée savoir ce qui est arrivé à Marie !!!




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