#ChallengeAZ Q comme... Quatre murs et un toit ou quand Louis MOULIN change de métier

Mercredi 18 Juin 2014

Le premier intérêt de ma généalogie, ce qui a fait que j’ai sautée le pas, c’était une question bien précise : « De qui nous venait la maison de mes grands-parents paternels au Val-David ? »
Ensuite, après avoir posé un premier pied sur le chemin de la généalogie, je n’ai pas su m’arrêter, comme tous les généalogistes en vérité, d’un coup, la curiosité, l’envie de savoir d’où on vient n’a plus de limites.
 
Bien sûr, je savais qu’elle venait de mon grand-père Roger HERVIEUX, ma grand-mère étant née en région parisienne. Mais après ? Ou plutôt, mais avant ?
En même temps, quelque chose m’intriguer. Mon père me disait qu’avant d’être une maison d’habitation très classique, elle avait été un café. Pourquoi pas. Mais j’étais septique. Comment une maison de trois pièces et si petite pouvait avoir un passé de café ?
 

Maison de la famille Hervieux, photo famille Hervieux
 
Première question. La maison venait-elle du père de Roger, Eugène HERVIEUX ou de sa mère Louise MOULIN ?
C’était facile de répondre à cette question, Eugène et Louise sont tous les deux nés au Val-David. Tous les deux en 1879. Mais les parents d’Eugène étaient du Vieil-Evreux alors que le père de Louise, lui, était du Val-David.
Bien sûr je n’avais aucune certitude. Je ne sais pas si la maison a été construite par mes ancêtres ou achetée.
Je n’avais qu’une seule possibilité d’en savoir plus. Il me fallait aller aux archives et consulter les matrices du cadastre. J’avais déjà le numéro de la parcelle, la 971.
 
Une fois là-bas, j’ai eu plusieurs registres entre les mains. Sur certains, ne figuraient que les parcelles avec leurs numéros respectifs. Et un autre, sur lequel je pouvais voir les augmentations, les achats et les constructions et les diminutions, les ventes.
 
Les augmentations m’ont beaucoup intéressée. Car c’est sur ces pages que j’ai vu qu’en 1887, un certain COLOMBEL Ambroise a fait construire un fournil sur cette parcelle. Je vois très bien de quel bâtiment il s’agit, j’ai plusieurs fois était dans ce bâtiment, où mes grands-parents entreposés du matériel.
Et je savais désormais que mes ancêtres avaient acheté cette maison et que c’est probablement ce monsieur COLOMBEL, ou ces ancêtres qui l’ont fait construire.
 
Autre réponse, j’apprends que les parcelles adjacentes, les numéros 942 et 943, appartiennent à MOULIN Louis, Michel, le père de Louise.
Et je me souviens bien que dans le mur qui sépare les deux propriétés, il y a l’empreinte d’un passage qui a été rebouché depuis.

Cadastre, AD 27
Cela ne fait plus aucuns doutes, la maison du Val-David nous vient bien de la famille MOULIN.
Toujours sur les matrices, je vois que Louis, Michel l’a possède depuis 1903. Et je sais qu’Eugène et Louise se sont mariés le 30 septembre 1902. Dans l’hypothèse ou les données n’ont pas étés mise à jour de suite, il est facilement imaginable que Louis est acheté cette maison pour que sa fille y vive. Une dot ?
 
Deuxième question. La maison de mes grands-parents a-t-elle réellement été un café ?
Plus difficile à savoir. Effectivement la maison possède sur  la face côté trottoir un ancien encadrement, qui, depuis très longtemps surement, est caché par une cheminée. Cet encadrement est sans aucun doute, une ancienne porte d’entrée mais j’ai quand même des doutes à cause, je vous l’ai dit, de la taille de la maison.
Finalement, ce n’est pas en cherchant des infos sur la maison que j’ai trouvée.
La réponse était sous mes yeux depuis longtemps, mais je n’avais pas pris le temps de poser tous mes indices. Comme quoi il ne sert à rien de courir, le plus important est de partir à point.

 
Je sais que Louis, Jacques MOULIN, le grand-père de Louise, avait exercé plusieurs métiers. Il avait d’abord était tailleur d’habits, puis ouvrier en coutil et enfin cabaretier.
Eh oui ! Cabaretier. Seulement je sais qu’il n’a pas habité dans la maison de la parcelle 971, puisqu’il ne l’a possédé qu’à partir de 1903.
Mais je sais avec certitude qu’il possédé la propriété adjacente. Et on sait tous que les histoires et autres légendes, transmis de génération en génération, se voient très souvent modifiés, volontairement ou non.
Et puis l’information LA plus importante, voir même la seule qui aurait dû m’influencer. Il y avait, jusqu’à la fin des années 90, un bar-épicerie au Val-David, et il se trouvait sur la parcelle 942 et 943.

Café-épicerie, année non défini, carte postale, collection familliale

Il y a bien eu un café possédé par mes ancêtres, il était bien au Val-David. Mais se trouvait quelques mètres avant la maison de mes grands-parents.
 
Grace aux pages des augmentations, je sais à peu près comment les choses ont évolués. Faisons un résumé :
 
Louis, Jacques MOULIN nait le 5 mai 1809, au Val-David. Il est le fils de Louis, Pierre MOULIN et de Marie, Catherine BOCQUIN.
En 1831, Louis se marie avec Marie Madeleine FREULARD, ensemble, ils auront deux enfants. Une fille, Marie, Cézarine en 1832, qui épousera un certain Pierre HURVEY en 1854. Et un fils, en 1846, Louis, Michel.
 
A noter que sur les registres du cadastre, une parcelle apparait au nom d’un Pierre HURVEY, la parcelle n°680, il est écrit « maison convoité en magasin », et je sais qu’à une certaine époque il y avait deux cafés au Val-David, celui de la parcelle 942/943 et un autre qui, d’après les indications de mon père, pourrait bien correspondre à la parcelle 680.
 
Revenons à Louis, Jacques. Je sais que de 1831 à 1846, il exerce le métier de tailleur d’habits, puis en 1846, il est dit être ouvrier en coutil. Enfin, en 1854, il apparait pour la première fois comme cabaretier.
Ensuite, et toujours grâce aux augmentations, je sais qu’il a fait plusieurs aménagements. C’est 1861, que la mention « magasin » apparait pour la première fois. C’est surement donc à cette époque que le café est devenu café-épicerie.
De plus, en 1868, Louis, Jacques est dit marchand épicier. Tout colle parfaitement.
 
Un autre souvenir de mon père vient se mêler à mes recherches. Il se souvient d’une salle de « cinéma », où il allait voir un film, une fois ou deux dans le mois. Il se souvient d’une salle avec un sol en parquet. Un peu comme une salle de danse. Et pour cause.
En 1880, Louis, Jacques, âgé de 71 ans, ou peut-être son fils, Louis, Michel qui avait 34 ans, a fait une augmentation de construction et ajoute une pièce, appelé « salle de danse ».
A cette époque, il est marié depuis 12 ans déjà, avec Louise SIBOUT. Ils ont deux enfants, Louis, Auguste né en 1871, et Louise, mon arrière-grand-mère, née 1879, comme dis plus haut.
 
En 1907, le propriétaire de la parcelle est Louis, Auguste. Logique, son père est décédé deux ans plus tôt, le 1er octobre 1905. Pourtant, il semblerait bien qu’il n’est jamais tenu le bar-épicerie.
Comment je l’ai su ? Lors de mes recherches aux archives, avec ma sœur Heidi, j’ai eu la chance de bénéficier des conseils d’un des archivistes, un monsieur passionné par le métier qu’il fait depuis des années surement.

Il me demande s’il y avait un téléphone public au bar. Je me souviens que ma grand-mère qui n’a jamais eu de ligne téléphonique, allée là-bas quand elle avait besoin de joindre mon père.
« Eh bien, il faut regarder dans les almanachs ». Honnêtement, je n’y aurais jamais pensée, je ne savais même pas qu’il y en avait aux archives.
Et ainsi, j’ai pu dresser la liste des propriétaires ou des gérants successifs.
Je sais que Louis, Auguste est resté propriétaire jusqu’en 1923. Ensuite c’est Victor EVRARD qui possède la parcelle, puis sa femme après son décès. Je le vois sur les matrices cadastrales.
 
Pour les gérants, voilà la liste que j’ai établie grâce aux almanachs et aux recensements de la population. Il peut y avoir des erreurs bien sûr, mais je pense que c’est assez juste.
 
De 1854 à 1905 : MOULIN Louis, Michel, puis son fils, Louis, Auguste
En 1906, pendant une période surement très courte, c’est mon arrière-grand-père, Eugène HERVIEUX qui le tient, encore une fois cette info me vient de l’almanach. Grande surprise, même mon père ne l’a jamais su.
Toujours en 1906 et jusqu’en 1911, il est tenu par une certaine Angèle EGASSE.
De 1921 à 1946, c’est le couple EVRARD qui le possède et le gère. Ça colle avec la matrice.
En 1949 : Mr et Mme HAGUET
Puis, à partir de 1954, il sera la propriété de la famille LEMEILLEUR, que mon papa a très bien connu. Jusqu’à la fin des années 90, où le café-épicerie de mon ancêtre Louis MOULIN finira « sa vie », dans un incendie.
 
Il aura vécu près d’un siècle et demi. Et en près de 150 ans, il aura fini par être oublié des descendants de celui qui lui avait donné vie. Il a finalement connu la même destinée, ou presque, de tous les commerces de proximité, l’oubli…


Ancienne maison de la famille Hervieux, année 2009, Google maps

Je remets les choses en place, aujourd’hui, une habitation a été construite à sa place. De l’histoire de ce commerce, il ne reste plus que le numéro d’une parcelle.




Ancienne maison de la famille Hervieux et emplacement de l'ancienne épicerie, année 2009, Google maps

Mais maintenant, je sais, je n’oublierais pas qu’ici a vécu mes ancêtres, ils ont fait des projets, ils ont réalisés des rêves.
 

 

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