Louis PORCHER, mon lointain ancêtre bagnard

Jeudi 15 Janvier 2015
1 commentaire

Mon dernier article date du 5 juillet. C’est tellement loin. Moi qui voulais faire au moins un article par mois, c’est raté !
Et alors que je travaille déjà sur le challenge AZ qui se déroulera en juin prochain, j’ai reçu, il y a quelques temps, une enveloppe que j’attendais depuis de longues semaines.
 
C’est d’ailleurs pendant le challenge AZ que je vous avais parlé d’un lointain ancêtre bagnard. Lors de l’article du 14 juin que vous pouvez relire ici.
Et mon enveloppe du jour concerne le jugement de cette ancêtre, Louis PORCHER.
 
Ce que je savais de Louis PORCHER, c’est qu’il était né le 13 octobre 1819 à Mont-Près-Chambord. Que sa mère, Marie MAULNY, était la cousine de Rose MAULNY, mon Sosa N°105. Je savais également que Louis avait été vigneron comme toute la famille PORCHER ou presque. Et enfin qu’il avait eu deux femmes, la première, Thérèse QUILLET , qu’il avait épousé en 1841 et puis Joséphine LECOMTE, qu’il avait épousé en 1858. Enfin, je savais qu’il était décédé le 08 juin 1880, sur la presqu’ile de Ducos, près de Nouméa.
Déjà, une première chose m’avait étonnée chez cet homme. C’était la courte période qui s’était écoulée entre le décès de Thérèse et son remariage avec Joséphine. La première étant décédée le 31 mars 1858 et son second mariage fait le 21 juillet de la même année. Moins de quatre mois que j’expliquais de plusieurs manières et principalement par le fait qu’il avait une fille, Joséphine, âgée de moins deux ans à l’époque. Je me disais, à tort ou à raison, qu’il avait souhaité « retrouver une mère » pour ses enfants encore jeunes.
 
J’en étais là lorsque j’ai pris la décision d’en savoir un peu plus sur le décès de Louis. Je savais, pour avoir fouinée sur Google, qu’un bagne se trouvait sur la presqu’ile de Ducos et que si Louis s’y trouvait c’est qu’il était bagnard.



Mon premier réflexe a été de me rendre sur le site des archives d’outre-mer, on m’avait dit que c’était là-bas que je trouverais des infos. En effet, j’ai retrouvée mon Louis sur ce site. J’ai pu récupérer des références et contacter les archives par mail. Malheureusement, la réponse n’a pas été à la hauteur de mon attente. Les archives d’outre-mer ne communiquent rien par courrier. Etant loin d’Aix en Provence, il fallait me résoudre à trouver quelqu’un qui accepterait de se rendre là-bas pour moi. Mais dans ce mail, mon correspondant m’a fait part d’un aspect important. Si je voulais savoir pourquoi mon ancêtre s’était retrouvé là-bas, ce n’était pas à Aix que je trouverais la réponse. Eux, ne pouvait me donner que des infos sur les conditions de détention. Le jugement, je ne le trouverais qu’aux archives départementales du lieu où il résidait, donc dans le Loir et Cher. Comment j’ai pu ne pas y penser plus tôt ?



Louis porcher bagne
Source: Archives d'outre-mer, site internet

Et me voilà donc fasse un joli tas de copies, prête à plonger dans la vie d’un lointain « cousin ». Même si j’avais conscience que l’on ne va pas au bagne pour une petite bêtise, je dois reconnaitre que je n’avais aucune idée de ce qui défilerait sous mes yeux.
Dans ce tas de copies je découvre, en autres, actes d’accusation, copie d’interrogatoire, réquisitoire final, liste des témoins, déclaration du jury…
Dès les premières lignes je suis « jetée » dans le bain, attentats à la pudeur et tentative de viol. D’un coup je ne suis plus vraiment sur de vouloir lire le reste. Pourtant je continue.
 
Ainsi, le samedi 6 juin 1863, Louis PORCHER  était parti au marché de Blois. A son retour, vers cinq heures du soir, il était monté dans son grenier pour y empiler du foin, sollicitant l’aide d’Athalie, 10 ans, la fille que sa femme avait eu d’un précédent mariage.
Quelques minutes plus tard, Joséphine, croyant entendre sa fille pleurait, monta à son tour au grenier, y découvrant une terrible scène.
Après avoir emmenée sa fille chez sa sœur, elle se confia à son employée. Plus tard, Athalie avoua à sa mère ce qu’elle subissait depuis un an. Joséphine, elle, avouera avoir eu des doutes face au comportement de sa fille ou face à des marques spécifiques sur son corps.
 
Louis PORCHER nie tous les faits puis, devant l’insistance d’Athalie, il finit par avouer que ces propos sont vrais.
Les frères et sœurs sont visiblement interrogés car Joséphine, environ 7 ans à l’époque, fille de Louis et de sa première épouse, déclare que sa sœur lui avait dit que, lors d’un voyage de Joséphine à Paris, sept ou huit mois auparavant, son beau-père lui avait fait du mal.
 
J’apprends beaucoup sur Louis dans ces documents. Il est décrit comme étant un homme violent et alcoolique qui maltraite sa femme. J’apprends aussi qu’il n’était pas plus tendre avec sa première épouse, qu’il avait menaçait d’enfermer dans un four chaud et qu’il aurait été violent envers son père. Peu glorieux comme tableau…
 
Louis PORCHER sera donc condamné à une peine de douze ans de travaux forcés. Le jugement précise qu’il devra rester toute sa vie sous l’autorité de la Police. En marge, je trouve une mention. En 1869, il bénéficie d’une remise de peine de 18 mois.
 
D’après les infos données sur le site des archives d’outre-mer, le décret instituant le bagne de Nouvelle-Calédonie date du 2 septembre 1863, soit quelques jours après la condamnation de Louis. Il y a donc de fortes chances que Louis est fait partie du premier convoi de transportés, environ 250 personnes, qui est arrivé à Port de France le 9 mai 1864, à bord de l’Iphigénie. Je pense que seule les archives d’Aix pourrons me le confirmer.
 
L’exemple de Louis illustre bien l’une des informations que j’avais obtenues en fouillant sur le net. Les bagnards pouvaient espérer être libérés mais ils n’avaient aucunes garanties qu’en à leur retour en métropole. La peine de Louis prenait fin dans les années 1875/1876, soit quatre années avant sa mort. Comme je l’avais lue, les bagnards se retrouvaient « entre eux », sans terre, sans emploi pour se nourrir, ils devaient se débrouiller et nombre d’entre eux devaient volés, ce qui ne devait pas arrangés l’image que l’on se faisait d’eux. Tout ceci explique peut-être pourquoi Louis est mort à l’âge de 60 ans.
 
Pour Louis, l’histoire s’arrête le 8 juin 1880. Mais pour sa seconde femme, ses enfants, je pense surtout à la petite Joséphine, âgée de sept ans et qui avait déjà perdu sa mère, ainsi qu’à Athalie bien sûr, l’histoire a continuée.
Si je perds un peu la trace de Joséphine je ne pense pas me tromper si je dis qu’elle ne s’est pas remariée ensuite. La dernière trace que j’ai d’elle date du 13 mai 1885, où elle assiste au mariage de son fils, Louis, Babylas, qu’elle avait eu avec Louis PORCHER. Ensuite je n’ai plus rien pour le moment.
Concernant Joséphine PORCHER, elle est devenue domestique et s’est mariée en mai 1884 à l’âge de 27 ans, je n’ai pas encore trouvée d’enfants nés de cette union.
Quant à Athalie,  j’avoue que j’ai eu très envie de savoir ce qu’elle était devenue ensuite. Je ne pensais pas trouver un acte de mariage la concernant, mais pourtant…
Athalie s’est mariée le 23 décembre 1872 à Mont-Près-Chambord, avec un certain Charles MOREAU, elle était, à ce moment-là, vigneronne.
Ils n’ont visiblement eu aucun enfant, du moins je n’en ai pas retrouvée la trace.
Je ne sais si sa vie a été heureuse par la suite mais elle a, en tout cas, était bien courte. Athalie est décédée à Mont, le 22 mai 1901, elle était âgée de 48 ans seulement.
 
Et c’est comme ça que j’ai appris qu’en généalogie, il y a les découvertes « normales », une naissance, un mariage et un décès.
Il y a les « belles » découvertes comme lorsqu’on retrouve une tante ou un cousin que l’on recherchait depuis des années.
Et puis il y aussi les « moins belles », comme ici, où la curiosité nous amènes devant un triste aspect de la vie de nos ancêtres.


 

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Commentaires :

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  • Heïdi dit :
    15/1/2015 à 21h 56min

    Merci, ça me manqué !!




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