Dans les plus grandes planches, Abel fera les longerons, ils sont la base de toutes charrettes, destinés à porter des charges de plusieurs tonnes. Les extrémités seront arrondies à la plane, un outil tranchant à deux poignets, et formeront les brancards où viendra prendre place l’animal tracteur.
Ensuite, Abel commencera le travail le plus délicat. La fabrication des roues. Il travaillera d’abord le moyeu à la hachette et le finira au ciseau à bois et pour faire le trou de l’axe, il utilisera des tarières. Ensuite, il s’occupera des rais (rayons), qu’il ajustera à la plane. Puis restera à faire la jante, en plusieurs segments. Enfin, à l’aide d’un calibre, Abel mesure la circonférence de la roue. Il reportera la mesure sur le bandage de fer qui enserrera la roue.
Abel ne possédait pas de forges dans son atelier comme c’était souvent le cas. Pour finir le travail et cercler la roue, il doit donc se rendre chez le forgeron. C’est la partie la plus délicate, il faut être rapide pour ne pas bruler la roue et précis pour qu’elle soit bien solide.
On chauffe le bandage, de deux centimètres d’épaisseur, sur un bucher. Dès que le métal est suffisamment rouge Abel et son ami forgeron le saisissent à l’aide de tenailles et l’approchent, avec précaution, de la jante de bois, ensuite, avec des marteaux, on le met en place avec précision.
Aussitôt, la roue est plongée dans l’eau. Le bandage rétrécie et consolide la roue en l’enserrant.
Et voilà du bon travail de fait ! Il faut dire qu’Abel connait son métier. Il l’a acquis après plusieurs années de compagnonnage et de pratique.
Il y a bien longtemps qu’Abel ne fabrique plus de roues. Il est décédé le 16 février 1733. On ne sait plus aujourd’hui, à Valpuiseaux, que le charron était l’un des artisans les plus importants du village et désormais, en passant dans les rues, on n’entend plus le chuintement de l’eau lorsqu’on plonge la roue cerclée de fer rouge…
Tous les villages en avaient au moins un, et rares sont les généalogies sans un charron ... C'est bien d'avoir penser à mettre ce métier dans le challenge. Marie
Très intéressant et agréable à lire Merci